Maëlle Straum
L'armure molle
J'ai constaté tous les dégâts
de nos corps assemblés.
Le cuir bouilli a si bien façonné nos armures.
Equipements corporels défensifs
au toucher corrosif.
J'ajoute quelques lanières
à nos peaux libérées
du poids de nos artères.
Genouillères, bouclier et joutes de doigtés.
Que nos exosquelettes d'invertébrés
précisent nos audaces.
Mon armure molle se liquéfie
et inonde ton lit.
Armatura, Armatura
Qu'as-tu donc fait de moi ?
D'extraordinaires fourmis
ornent la route de ton linceul.
Ce matin sur l'oreiller,
un coup néfaste, je t'ai portée.
Réponse inflammatoire
à mon environnement.
Sur les pieds, j'ai du sang.
Pour mieux m'alimenter
je grignote sans cesse
ton oreille décharnée.
La gangrène est sereine.
Les dégâts cellulaires
démontrent mes excès.
Bouts de chair sanguinolentes
mises à l'épreuve de ma langue.
J'avale mon amante,
réchauffant son corps froid
au creux de mon estomac.
Sa raideur cadavérique
restreint le fantastique
de mon désir acharné
de faire jouir ma bien-aimée.
Je greffe ses dix doigts
à mon con dérobé
dans une étreinte,
amère de l'avoir tuée.
Comme elle le désirait,
j'ai dégusté ses courbes.
Portant notre amour monstre
à son apogée.
Festin inévitable
nous rendant coupables
de s'être trop aimées.
Armatura, Armatura
Qu'as-tu donc fait de moi ?